L’Aquarius

01/09/2018

© Medici senza Frontiere

Durant le mois de juin dernier, l'Aquarius a été au cœur d'un houleux débat qui a touché de nombreux États européens. Et pour cause, ce bateau de sauvetage a erré en mer durant plusieurs jours avec des centaines de réfugiés à bord. 

Mais qu'est-ce que l'Aquarius ? Ce bateau de sauvetage est envoyé en mer Méditerranée par l'ONG allemande « SOS Méditerranée » afin d'y secourir principalement des réfugiés libyens qui aurait tenté de traverser la mer Méditerranée. La traversée de la mer Méditerranée s'avère extrêmement dangereuse et plusieurs milliers de morts sont à déplorer chaque année. En 2016, 4 500 migrants y ont perdu la vie. Toutefois, les réfugiés fuient la pauvreté et la guerre présentes dans leur pays et se lancent dans cette aventure en étant conscients du danger.

L'Aquarius est donc parti en mer en ce début du mois de juin, afin de porter secours à toute personne en danger dans la mer Méditerranée. Dans la nuit du 9 au 10 juin, il a secouru 629 migrants. Or, l'Aquarius a une capacité d'accueil de seulement 500 migrants. Il était donc urgent de se diriger vers un port et de débarquer les migrants présents sur le bateau car les vivres se faisaient de plus en plus rares et des femmes enceintes ainsi que des enfants en bas âge nécessitaient un débarquement rapide. Cependant, l'Aquarius s'est trouvé confronté à un problème de taille : aucun État européen n'a autorisé le bateau à débarquer dans leur port. L'Aquarius s'est donc retrouvé en mer entre Malte et l'Italie à attendre qu'un pays les autorise enfin à y débarquer. Les migrants se sont retrouvés ballotés entre l'Italie et Malte qui se renvoyaient sans cesse la balle. Le port de destination était pourtant en Italie mais le premier ministre a déclaré que l'Aquarius devait débarquer à Malte. « Malte, selon le communiqué italien, ne peut pas continuer à regarder ailleurs lorsqu'il s'agit de respecter des conventions internationales précises sur la protection de la vie humaine. C'est pourquoi nous demandons au gouvernement de La Valette de recevoir l'Aquarius afin de fournir une première aide aux migrants qui sont à bord. » Ce à quoi le premier ministre maltais a répondu : « Malte ne recevra pas le navire en question dans ses ports ». Puis le nouveau ministre de l'intérieur italien s'est empressé de tweeter : « Sauver des vies est un devoir, transformer l'Italie en un énorme camp de réfugiés, non. L'Italie en a fini de courber l'échine et d'obéir, cette fois IL Y A QUELQU'UN QUI DIT NON. #fermonslesports. » 

Le bateau a erré en mer durant trois jours avec des centaines de vies en danger 

© Eldiario.es  

Le bateau a erré en mer durant trois jours avec des centaines de vies en danger à son bord avant que l'Espagne déclare : « Il est de notre obligation d'aider à éviter une catastrophe humanitaire et d'offrir un port sûr à ces personnes ». C'est donc le port de Valence qui a accueilli les migrants qui ont finalement gagné l'Espagne dans des navires italiens plus sûrs. Le premier ministre maltais s'est empressé de féliciter l'Espagne pour son geste et a proposé de faire parvenir des provisions à l'Aquarius... Toutefois, il a campé sur ses positions. 

L'Italie n'a pas souhaité accueillir l'Aquarius estimant qu'elle accueillait déjà plus de migrants que les autres pays européens. La France elle, s'est divisée. Eric Ciotti a déclaré « aucun port français ne doit accueillir l'Aquarius ». Le porte parole LREM, Gabriel Attal, a lui estimé que « Cette ligne est à vomir. C'est inadmissible de faire de la petite politique avec des vies humaines comme ce qui est fait en ce moment ».

Natalie Loiseau, rattachée au ministre des affaires étrangères a déclaré : « Nous n'avons pas été saisis d'une demande de la part de l'ONG SOS-Méditerranée pour une raison simple, c'est que pour se rendre en France, c'est aussi plusieurs jours de mer, dans une mer qui n'est pas bonne, avec des passagers qui ne sont pas en bonne santé. » N'oublions pas que l'Espagne est davantage éloignée...

Ce triste drame a mis au jour une question bien plus profonde qui déchire l'Europe : la gestion des migrations. Avec la montée de l'extrême droite en Italie et dans de nombreux États européens, l'accueil des migrants est devenu un sujet qui divise. 

Un article de Magalie DeCarvalho

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